La méditation dura quelques courtes heures encore, mais pas assez pour que Lilie fût totalement restaurée. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle put constater qu’elle n’était plus exposée au dehors et l’air confiné sentant le rance lui laissait penser qu’elle avait été emmenée dans un lieu clos, peut-être un souterrain, dans le repère des araignées.

Un frisson parcourut tout son corps encore endormi et la terreur reprit bien vite ses droits sur la pauvre elfe désemparée. Les ténèbres absolues dans lesquelles Lilie était plongée ne faisaient que renforcer ce sentiment de panique, et pourtant, elle ne pouvait rien faire, ligotée dans son cocon. Son premier réflexe fut donc de se mettre à hurler de toutes ses forces, pour laisser sortir toute cette tension insoutenable qui la ravageait. Elle n’avait pourtant que peu d’espoir que quelqu'un de bienveillant vienne voler à son secours.

À ses côtés, elle entendit à peine le gémissement qu’un autre être venait de pousser en réponse à son hurlement déchirant, et pourtant, cela lui suffit à captiver son attention et à faire redescendre légèrement la pression. Elle n’était donc pas la seule prisonnière, songea-t-elle.

« Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ? », murmura Lilie sur un ton traduisant son désespoir, la voix tremblante. Elle essaya de se glisser jusqu’à la source de la complainte et lorsqu’elle entra en contact avec cette dernière, quelle ne fut pas sa surprise quand elle se fit lécher entièrement le visage par une grosse langue rugueuse et totalement dégoûtante, surtout en de telles circonstances.

(Au secours, qu’est ce que c’est donc encore ?)

D’un coup brusque, elle essaya de reculer son visage, et comprit qu’elle avait sans doute eu affaire à un animal lui aussi retenu prisonnier, et qu’elle ne trouverait donc personne avec qui partager ses terribles angoisses. Le temps passait et Lilie se sentait en proie au vide, à l’impuissance et son esprit s’affolait, lui faisant voir des scènes toutes plus horribles les unes que les autres. Elle imaginait les araignées venir se nourrir de tout son être, de sa substance, la faisant horriblement souffrir tandis qu’elle ne pourrait que se laisser dévorer en hurlant à la mort. La déferlante de larmes qui affluerait alors à son visage n’y changerait absolument rien.

Soudain, une lumière dansante certes faiblarde mais néanmoins déstabilisante pour qui n’en avait pas vu depuis d’interminables heures s’immergea dans l’antichambre retenant prisonnière la pauvre Taurion. Elle lui permit de s'extirper de ses cauchemars éveillés et de discerner une imposante silhouette qui n’avait rien à voir avec celle d’une araignée. Elle crut que son cœur allait s’arrêter de battre en constatant que l’individu semblait humanoïde : était-ce un soulagement, ou l’angoisse de ce qui suivrait ? Elle ne savait trop quoi en penser et elle attendait de voir ce qui allait se passer.